Cette ultime journée du Motocultor millésimé 2019 commence sous un ciel nettement plus clément que celui de la veille. Le soleil, au beau fixe sur le site de Saint-Nolff, rayonne comme un signe annonciateur d’un programme musical dantesque.
Je commence en beauté ma moisson d’images avec le concert de Vampillia. Ce groupe nippon est l’une de mes plus belles découvertes de la journée. Son show démarre en douceur pour se propulser très vite dans un univers onirique et assez surréaliste, où les sonorités des instruments classiques et électriques fusionnent en harmonie, le tout saupoudré d’un chant à l’influence metalcore, prodigué par Mongo, chanteur charismatique dont le jeu théâtral séduit rapidement le public. Dès la fin du set japonais, Pensées Nocturnes enchaîne sur la scène voisine (Dave Mustage). Une fois de plus, j’apprécie l’univers musical et visuel du groupe qui, sous la houlette de son leader Vaerohn (chant, trombone, trompette) distille un black metal avant-gardiste en accord parfait avec les maquillages de clowns tristes et les tenues de cirque des musiciens, qui m’évoquent un certain Pennywise, si cher à Stephen King.
Je traverse ensuite le site pour me rendre dans le pit de la Supositor Stage sur laquelle joue Midnight, groupe américain de black metal speed dont les membres, visages masqués par de fines cagoules noires sans orifice, affichent une forte présence scénique. Les trois compères se déchaînent avec une agilité déconcertante tout en jouant vite et bien ! C’est un vrai bonheur de les voir, et qui plus est de les photographier.
Après une petite pause au bar VIP, histoire de me ravitailler et de reprendre quelques forces pour le reste de la journée, je retourne devant la Supositor Stage pour couvrir Incantation, dont le black metal « old school », brutal, sans fioriture et pur, me séduit dès les premières notes jouées. Ces new-yorkais qui se produisent depuis 1989 assurent ! Je retombe ensuite en enfance avec Henri Des & Ze Grands Gamins, « l’OVNI » du Motocultor 2019 qui entre sur scène, très ému par les vives ovations des festivaliers venus l’acclamer en masse. Voir des metalleux slamer sur des chansons enfantines, certes revues à la sauce « trash-punk-musette », est incroyable et hallucinant. Je garde de ce concert un excellent souvenir riche en émotions.
J’embraie avec Aborted, formation emblématique de la scène brutal death metal belge qui, après plus de 25 ans de carrière, s’est forgée une renommée mondiale. C’est sur une scène richement décorée aux couleurs de Terrorvision (dernier album sorti), que les musiciens nous offrent une superbe prestation, ponctuée de multiples sauts de son chanteur Sven de Caluwé, comme possédé par la musique. C’est donc l’air enjoué que je me rends devant Avatar, grosse tête d’affiche de ce dernier jour du festival. Le heavy metal de ces suédois, tous richement costumés et maquillés, fait mouche ! Leur set, haut en couleurs, parfaitement orchestré et calibré, rend hommage à l’excellente réputation du groupe : magnifique ! Sans doute pour me remettre de la claque ainsi reçue, mais aussi pour compenser un peu la fatigue accumulée au cours de ces quatre jours intenses de festival, je m’octroie une grosse pause à l’espace VIP avant de me terminer mon pèlerinage devant Napalm Death. Revoir sur scène Barney et sa bande de joyeux drilles anglais, maîtres du grindcore depuis des lustres, est toujours explosif : belle façon de conclure un festival, non ?
Texte et photos : Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).